Sur la place de la mairie, on se bouscule, les mains
brandissent des appareils photo pour intercepter nos sourires, à
Jean-Paul et moi. Je tâche de cacher mes dents derrière mes lèvres qui
restent scellées, et lève le menton bien haut, pour affiner la ligne de
mon cou. Je voudrais avoir l’air d’une grande amoureuse, et m’agrippe au
bras de Jean-Paul, comme si on était sur un radeau et qu’il y avait du
roulis, genre « vous voyez, son amour me donne le vertige ».
Souriez-moi, car je n’en aurais jamais assez.
Pour la mariée, le jour du mariage est souvent
l’aboutissement d’un rêve de petite fille : un instant elle peut se
prendre pour une princesse de conte de fées ou pour une actrice de
cinéma. C’est le temps de la fête, des rires et des chansons, qui
précède la nuit de noces. Dans la chambre nuptiale, loin des flashes des
photographes, les couples sont confrontés à leur vérité. Les uns
s’aiment sincèrement, les autres font semblant. Seule certitude : ils
ont franchi le pas, reculer leur est désormais impossible…
Astrid Eliard met en scène six couples, six mariages et
six nuits de noces. Et six façons bien différentes de vivre cette étape
décisive : des nouvelles tour à tour tendres, mélancoliques ou gentiment
ironiques, comme autant de paraboles douces amères.